Urbanisation – la mode de la densification

En recherchant des données sur l’urbanisation, nous sommes tombés sur cette courbe publiée par l’OCDE, citée notamment dans un document intitulé “Villes et croissance verte” (en anglais)  :

Lorsque la densité urbaine augmente, les CO2 émis par les transports diminuent

La courbe montre les émissions de CO2 par habitant (en Kg CO2/ habitant) en 2006, en fonction de la densité de population (en nb d’habitants / km2)

 

De cette courbe est déduite un postulat :   “pour émettre moins de CO2, il faut densifier l’habitat”.

 

Quel sérieux accorder à cette courbe ?

On peut s’interroger sur le choix de la régression qui moyenne allègrement la Turquie et les Etats-Unis, et sur l’absence de pondération par le parc automobile (nombre de véhicules,  cylindrée moyenne, type de véhicule).

Mais c’est un axe sur lequel urbanistes de tout poil travaillent, et cela donne par exemple le projet “Bimpy”, “Build in my Backyard”

Bimpy, densification urbaine par la maison individuelle

A première vue, l’idée semble sympathique, mais les habitants auxquels on le propose sont dubitatifs, c’est ce qui se passe aux Essarts-le-Roi, une petite commune des Yvelines.

Voici ce qu’en dit le journal Le Monde du 2 juin :

La question fait écho à l’une des préoccupations majeures des habitants de cette commune socialiste des Yvelines.

Quelles que soient les raisons qui les poussent à venir vivre à 37,679 km de la gare Montparnasse (soit 55 minutes par le Transilien), une hantise réunit nombre d’Essartois – et, plus généralement, la majorité des “périurbains ” : celle de se retrouver ” en ville “.

(…)

Or avec ses 6 300 habitants, cette commune de 1 900 hectares a changé de v isage depuis les années 1 980. L’augmentation du prix du foncier a entraîné la création de nouveaux lotissements qui se sont agrégés autour du centre, repoussant les limites de l’agglomération bien au-delà de ses frontières anciennes.

Le résultat, c’est une commune largement pavillonnaire (1 900 maisons individuelles sur un total de 2 300 boîtes aux lettres) qui manque d’espace. Car, depuis l’entrée des Essarts dans le parc naturel de la haute vallée de Chevreuse, les élus ont décidé de clore l’enveloppe des terrains constructibles. Leur idée : ne pas dépasser 25 % de la surface communale. ” Il est dans l’air du temps de ne pas consommer de terre agricole supplémentaire, souligne Hervé Allein, adjoint à l’urbanisme. Et puis nos équipements publics, écoles, station de traitement des eaux usées, par exemple, ont un seuil qu’on ne peut dépasser. ” Oui, mais le hic, c’est que “pour conserver la population, il faut bâtir, ne serait-ce qu’en raison de la décohabitation, des couples qui se séparent, etc. “, observe M. Allein.

Phobie de la ville

En effet, les communes sont obligées de maintenir une population stable, pour… rentabiliser les équipements. Sans compter que l’Etat leur impose de favoriser les constructions, afin de répondre à la pénurie de logements. S’ils se pliaient à cette demande, les élus devraient laisser pousser entre 60 et 75 logements neufs chaque année. Autrement dit, bien plus que ce que leur permet leur fameuse enveloppe.

Et voici ce qu’en dit l’association “Bien vivre aux Essarts” sur son blog :

Mais attention à l’arbre qui cache la forêt ! En affichant une politique volontariste de densification, dans le contexte particulier de l’élaboration du PLU, la municipalité de Jacques Bouchet se positionne clairement en faveur d’une ville en forte croissance, dans le prolongement des opérations déjà très denses de construction de plus de 200 logements sur le plateau de Mauregard qui fera passer la population essartoise à près de 7000 habitants fin 2012. Ne tombons pas dans un cercle qui consiste à trouver des recettes par une augmentation de la population, pour payer des dépenses… L’arrivée en 2012 de plus de 70 nouveaux enfants dans nos écoles laisse déjà entrevoir des difficultés au niveau de la cantine, des transports scolaires et des gardes périscolaires, sources de nouvelles dépenses de fonctionnement. Une nouvelle augmentation de la population entraînera cette fois-ci des besoins d’équipements complémentaires, dont le financement appellera à son tour le besoin d’accroître la population pour bénéficier de plus de recettes fiscales… Demain, les Essarts le Roi, 10 000 habitants ?

Les choix d’urbanisation ont inévitablement un impact sur l’environnement urbain… La municipalité se soucie-t-elle vraiment de l’avis des habitants quant aux différents scénarios d’évolution du territoire de la commune ?

 

Décidément les questions d’urbanisation tournent au casse-tête pour les petites communes !

Continuons à pousser nos élus à sortir des dogmes de tout bord

pour aménager l’espace urbain réel avec ceux qui y vivent.

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