Un projet de transformation des zones commerciales
Le 11 septembre, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme ont lancé un programme de transformation des zones commerciales.
Depuis les années 60, le développement de la voiture individuelle a conduit au développement des zones commerciales à la périphérie des villes. Aujourd’hui en France, ce sont 1500 zones commerciales qui occupent 500 millions de m2, soit 5 fois la taille de Paris.
Mais ces lieux vont la plupart du temps à l’encontre des objectifs environnementaux actuels :
– construits rapidement, à faible coût, les bâtiments, souvent à grand volume sont des passoires thermiques
-les surfaces sont intégralement artificialisées, empêchant l’écoulement des eaux, compromettant la biodiversité, et créant des îlots de chaleur
– il est très compliqué d’y accéder autrement qu’en voiture
De plus, les usages des consommateurs ont changé, au profit du e-commerce, et de la réparation ou la seconde main. Ces zones sont donc souvent en surcapacité, avec des commerces vides.
Partant de ce constat, le ministère a lancé un appel à projets, visant à transformer les zones commerciales, de façon à ce que ces zones soient en partie « renaturées », et intégrées au tissu urbain en y intégrant des logements , ou des entreprises. L’idée étant de ne plus séparer les lieux de vie, de travail et de consommation, de façon aussi à limiter les déplacements.
Un budget de 24 M€ est alloué pour 2023-2024.
Dans le dossier de presse diffusé par le ministère, des simulations de projets architecturaux sont données en exemple
Sommes -nous concernés ?
Dans son dossier intitulé “Repenser les zones commerciales“, le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) publie les données de géolocalisation des 1500 zones commerciales prise en compte dans l’état des lieux du ministère de la Transition Ecologique et de la cohésion des territoires.
Voici ci-dessous les surfaces commerciales répertoriées sur notre commune et alentour.
Sur le site du Ministère de l’économie et des finances, une page est consacrée à ce programme de transformation des zones commerciales. On y trouve un cahier des charges incluant les critères d’éligibilité pour déposer un projet :
Les territoires pilotes sélectionnés devront être des zones générant des externalités négatives à l’échelle du territoire (par ex : éventuelle suroffre de la surface commerciale, artificialisation excessive des sols, faible accessibilité hors voiture individuelle, faible insertion paysagère ou urbanistique, émissions carbone, îlot de chaleur…) accueillant principalement des locaux destinés à une activité commerciale, situées hors des centres-villes, généralement en bordure de grands axes routiers.
Comme le montrent ces photos prises dernièrement au centre commercial Carrefour, beaucoup de surfaces sont fermées. Les critères d’artificialisation excessive, de difficulté d’accès hors voiture individuelle et de faible insertion paysagère sont aussi remplis.
Par contre connaît-on un porteur de projet pertinent sur notre territoire ? Selon le cahier des charges il doit détenir les compétences suivantes :
Les porteurs de projet et les opérateurs spécialisés chargés de l’opération commerciale doivent être des acteurs disposant individuellement ou dans le cadre d’un groupement de la capacité à mener à bien leur projet :
– conduite des études préalables si elles n’ont pas encore été réalisées ;
– acquisition des fonciers (bâtis ou non) à restructurer ;
– conduite des études avant travaux ;
– aménagement, remembrement, travaux de transformation, de démolition et de construction ;
– conception architecturale et paysagère ;
– commercialisation à des tiers (activité de promotion), mise en exploitation, gestion ;
– cession finale des locaux restructurés, remis sur le marché de l’immobilier commercial.
Les porteurs de projet peuvent être des entités publiques, parapubliques ou privées. Les porteurs de projet privés devront obligatoirement justifier de l’accord de la collectivité territoriale (communes et EPCI) d’implantation de la zone visée par l’expérimentation.
Lorsque le projet est porté directement par une collectivité territoriale, elle devra désigner un acteur ou un groupement d’acteurs spécialisé(s) pour la phase de mise en œuvre opérationnelle de l’opération commerciale et des autres composantes du programme postérieures à la phase d’études préalables.
En effet, un appel d’offre similaire a été lancé en 2017, 6 projets ont été sélectionnés et accompagnés, et selon le bilan publié par le CEREMA, en 2023, aucun n’est achevé.
Selon ce même bilan :
- il est nécessaire de faire appel à un Etablissement Public Foncier pour permettre à la collectivité de ne pas s’endetter,
- il faut préciser le projet de mixité foncionnelle (commerce / habitat / différentes activités économiques) qui si elle est une solution peut être mise en oeuvre de différentes manières.
- la gouvernance est primordiale, et doit être pensée sur un temps long , il faut “un portage politique fort”
- les collectivités font souvent face à des difficultés financières
- le dialogue avec les acteurs économiques du site est souvent difficile
Et nous n’avons pas trouvé d’exemple de réalisation finalisé.
En conclusion : Il ne fait aucun doute que les surfaces commerciales telles que nous les connaissons en entrée de ville ont été trop développées, et doivent être repensées, transformées, pour répondre aux besoins d’adaptation au dérèglement climatique. Malheureusement en terme de réalisation on semble être au même point que pour le réaménagement de la RN20 : beaucoup d’études et de projets qui n’aboutissent pas.
Pour aller plus loin :
Programme de transformation des zones commerciales | entreprises.gouv.fr
cdc-programme-de-transformation-des-zones-commerciales.pdf (entreprises.gouv.fr)
Repenser les périphéries commerciales : le dossier | Cerema
Bilan de l’appel à projets “Repenser les périphéries commerciales” – Cerema
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