Edito Mai Juin 2024 : Eclairage public

Depuis quelques temps nous assistons à des dégradations de véhicules, du tapage nocturne et des feux de voiture la nuit.

Sur les réseaux sociaux, on incrimine l’extinction de l’éclairage public entre 23h et 6h du matin. (décidé sur la commune par arrêté municipal du 18 octobre 2022)

Impact de l’éclairage public sur la criminalité : les données objectives

Nous avons trouvé un article de France 3 Val de Loire datant de l’automne 2022 intitulé “Sobriété énergétique : avec l’extinction de l’éclairage public, doit-on craindre pour sa sécurité ?”

Est citée une étude de 2007 de l’urbaniste Sophie Mosser “Eclairage et sécurité en ville : l’état des savoirs” dont on peut lire un résumé ici.

Selon ces deux sources, la seule chose certaine est que l’absence d’éclairage accroît le sentiment d’insécurité.

Et cela reste la position officielle si l’on en croit cette remarque du ministère de l’intérieur de mai 2023  à une question du sénat d’octobre 2022 “Doctrine relative à l’éclairage public de nuit” :

Il peut être noté que, en France comme à l’étranger, les études sur l’éclairage public n’ont pas permis d’établir une causalité entre son extinction et une progression de la délinquance. En revanche, les habitants des villes citent systématiquement l’éclairage public parmi les déterminants de leur sentiment de sécurité.

Sur l’impact effectif de l’éclairage sur la délinquance il n’y a pas d’étude récente démontrant rigoureusement que la délinquance augmente lorsque l’éclairage public est éteint. D’une part les études concluant à l’impact de l’éclairage émanaient souvent de firmes commercialisant des éclairages, et d’autre part les études menées par les pouvoirs publics émanaient de criminologues sans connaissance sur l’éclairage et donc sans description précise du type d’éclairage, et où souvent “amélioration de l’éclairage” se résumait à l’augmentation de la puissance des lampes.

Voici ce que disait Sophie Mosser en introduction de son bilan :

Jusqu’à présent, vu les interrogations sur la validité des choix méthodologiques et la perplexité face aux larges imprécisions de ces choix, nombre d’experts restent incrédules sur l’ensemble des études qui concluent pourtant majoritairement qu’une « amélioration » de l’éclairage permet de réduire les taux de criminalité. Les écologistes et les associations d’astronomes, surtout, font pression depuis près de 10 ans pour mettre en garde contre la « pollution lumineuse » et le gaspillage énergétique auxquels pourrait mener une application inconsidérée de l’idée que la prévention de la criminalité réside surtout dans l’élévation de la puissance lumineuse des installations d’éclairage.

Dans ce contexte polémique, un groupe de réflexion, rassemblant des experts à l’échelle internationale, a été créé en 1999 au sein de la Commission internationale de l’éclairage pour examiner les apports de l’ensemble des études menées sur la question et définir l’état d’esprit des recommandations qui pourraient être prodiguées. Mais depuis, seuls quelques points commencent à faire consensus sur la base des dernières analyses anglaises : le fait que l’éclairage ne peut pas être une panacée à grande échelle, mais qu’il peut ponctuellement apporter de réelles améliorations en termes de criminalité effective pour des zones bien ciblées (crime hot spots), et, de manière plus générale, le fait qu’il puisse avoir un effet bénéfique en termes de sentiment d’insécurité.

 

En conclusion :
Il n’y a pas de loi générale démontrée entre défaut d’éclairage public et criminalité, cela dépend aussi des lieux et de la façon dont les personnes se les approprient.

ALORS QUE FAIRE ?

Nous comprenons tous que l’extinction des éclariages nocturnes permet d’économiser de l’énergie, maîtriser les dépenses de la commune, lutter contre la pollution lumineuse et préserver la biodiversité et la santé humaine.

Mais certaines zones sensibles ne doivent pas rester dans l’obscurité complète. D’ailleurs, depuis quelques jours, il semble que la commune laisse certaines rues allumées.

Diverses solutions existent et la Région Ile de France propose une aide aux collectivités pour moderniser leur éclairage. (voir Modernisation de l’éclairage public et réduction de la pollution lumineuse | Région Île-de-France (iledefrance.fr) et Règlement d’intervention Stratégie régionale énerige climat )

Dans un précédent édito consacré au déplacement piéton, nous avions déjà cité l’exemple de Longpont sur Orge, où les habitants ont la possibilité d’allumer l’éclairage public en fonction de leurs besoins à l’aide de l’application smartphone “j’allumemarue”.

Voir cette vidéo publiée par le journal Le Parisien :

Selon le maire de Longpont, ce dispositif est plus économique que l’équipement de chaque lampladaire de capteur de mouvement.

A noter que le CEREMA organisait une journée sur ce thème le 6 juin dernier. (voir Eclairage public : faire plus sobre tout en garantissant des mobilités plus sûres – Rendez-vous Mobilités Cerema du 6 juin 2024 | Cerema )

Il y est notamment question d’une nouvelle génération d’éclairage permettant des règlages plus fins que du on/off, et de réguler la luminosité en fonction des heures du jour, et de l’usage des lieux, et notamment au voisinage des caméras de surveillance. (voir aux temps entre 33 et 35 mn de la vidéo du webinaire du lien précédent)

Par ailleurs, le CEREMA propose des fiches téléchargeables gratuitement à l’usage des collectivités : AUBE – Aménagement, urbanisme, biodiversité, éclairage | Publications du Cerema 

Ainsi la fiche numéro 7 s’intitule “Améliorer l’acceptabilité de la modulation de l’éclairage grâce à la participation citoyenne, la concertation et la co-construction“.

Notre avis :
L’éclairage de notre commune a besoin d’être modernisé et adapté aux différentes situations. Nous espérons que la commune utilise les outils à la disposition des collectivités (outils techniques du CEREMA et aides de la Région)
Une concertation avec les riverains est nécessaire; ce serait l’occasion de rétablir les réunions de quartier.

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