Edito Mars 2024 : les nids de poule

Nombreux sont les urbisylvains à se plaindre de l’état des routes et nous devons bien constater que suite aux pluies abondantes de ces dernières semaines, de nombreux nids de poule se sont formés dans les rues de la commune.

Les vélos ne sont déjà pas nombreux à s’aventurer dans nos rues, cela ne va pas les y encourager !

Raison de plus en tout cas pour respecter la limitation à 30 km/h qui “limite les dégâts”

Le problème est malheureusement généralisé , surtout sur les axes de forte circulation. On trouvera ci-dessous une carte montrant des points où la chaussée est endommagée. (Cet état des lieux n’est bien sûr pas exhaustif)

La carte plein écran est visible ici .

Carte interactive – état des routes à La Ville du Bois

En passant la souris sur un point vous visualiserez une photo de la chaussée prise à cet endroit.
Utilisez les touches + et – ou la mollette de la souris pour zoomer, la main pour déplacer la carte dans le cadre.

Quelles sont les raisons de ces dégradations ?

Selon le  Guide méthodologique “Diagnostic et conception des renforcements de chaussées” publié conjointement par le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement)  et l’IDRIM (Direction technique infrastructures de transport et matériaux) en mai 2016, les principales causes de dégradation des chaussées  sont :
(voir document en lien)

le trafic :

Le trafic est le premier des facteurs extérieurs provoquant la ruine des chaussées . Il agit en sollicitant les couches traitées en traction/extension par flexion et en poinçonnant les couches non liées (sol support et GNT), provoquant respectivement fissures et déformations permanentes.
Il peut également engendrer de l’orniérage par fluage des couches de surface bitumineuses. Les autres facteurs extérieurs pouvant intervenir de façon concomitante sur ce mécanisme sont : une température durablement élevée (période de canicule), une vitesse de sollicitation lente (rampe) ou une zone de fort cisaillement (virage, giratoire, présence de feux ou stop).
Le trafic exerce également une augmentation de pression dans les fissures où l’eau s’est infiltrée. Par suite, cette eau sous pression attaque les éventuels points faibles des matériaux et de la structure, à savoir décolle les interfaces entre couches, entraîne les fines produites par l’attrition (au niveau de la fissure ou des interfaces), déchausse les granulats.

les conditions climatiques :

Deuxième facteur extérieur, les conditions climatiques influent sur le comportement des structures, de façon directe ou induite :
• la pluviométrie influe sur la teneur en eau des sols supports et sur leur portance, sur la rigidité des matériaux non traités et sur la dégradation des discontinuités de la structure (fissures, interfaces). L’influence de ce facteur est amplifiée par le profil de la route (remblai, déblai), la nature et la largeur des accotements, l’état du dispositif de drainage et l’état de surface de la chaussée (déjà dégradé ou intact) ;
• les températures estivales augmentent la sensibilité à l’orniérage ou au ressuage des couches de surface ;
• les températures hivernales augmentent la fragilité des couches bitumineuses et les sollicitations au voisinage des discontinuités dans les structures rigides et à assise traitée aux liants hydrauliques ;
• les variations journalières de température influent sur le fonctionnement des structures, notamment en modifiant la cambrure des dalles rigides et leur mode de fonctionnement, ainsi que sur la susceptibilité des matériaux bitumineux dans le cas où une trop grande amplitude journalière de température fragilise le matériau à basse température (pas d’accommodation possible)
•les variations saisonnières de température influent elles aussi sur le fonctionnement de la structure, en agissant sur la rigidité des matériaux pour les structures à couches bitumineuses et sur les conditions d’engrènement pour les structures à couches traitées aux liants hydrauliques ;
• l’ensoleillement et l’exposition aux intempéries provoquent un vieillissement des matériaux, qui se traduit par un durcissement des liants bitumineux et une fragilisation des liaisons granulats/liants ;
• le gel peut, lorsqu’il est intense, provoquer le soulèvement de la structure (principalement si ses couches non traitées sont gorgées d’eau) et une dégradation de certains matériaux après de nombreux cycles de gel (phénomène qualifié de « gélifraction ») ;
• le dégel, plus dommageable, induit une dégradation accélérée de la structure par chute de portance du sol support, conséquente de l’augmentation de la teneur en eau constatée au gel (cas des sols fins, de certaines craies…) ;
• des périodes de grande sécheresse entraînent la dessiccation des sols (surtout ceux présentant des indices de plasticité élevés) et l’apparition de fissures de retrait en surface des chaussées.

Il semble que les chaussées les plus endommagées de la commune sont des “chaussées souples”, c’est à dire comprenant une couche bitumineuse de moins de 12 cm, sur une assise de matériaux non traités. 

Ce ne serait pas choquant, c’est ce qui était usuel pour des rues de faible circulation lors de leur réalisation.

Le trafic

Etant donné l’évolution de population et de parc automobile sur notre commune, le trafic n’a pu qu’augmenter. (Selon les données statistiques ministérielles de parc automobile, notre parc automobile communal comprend environ 10% de véhicules utilitaires légers, majoritairement des camionnettes)

 

Ajoutons au passage des riverains les passages de bus , des camions lors des travaux de construction Voie des Postes, et de quelques poids lourds qui s’égarent, bien que notre commune soit interdite aux véhicules supérieurs à 3,5t.

Il se peut aussi que les applications telles que Waze ou les GPS entraînent les véhicules sur notre commune pour éviter les bouchons sur la RN20.

Toujours est-il que nos chaussées ne sont pas adaptées à ce trafic.

C’est en tout cas la première donnée à prendre en compte pour les réparer. En 2007, un comptage dénombrait déjà entre 650 et 1950 véhicules/jour Rue des Joncs Marins, selon le secteur et le sens de circulation.

Où en sommes-nous des comptages de trafic aujourd’hui ?

Une ordonnance du  27 Juillet 2016 prévoyait que :

« Les départements, les communes et leurs groupements communiquent annuellement aux services centraux de l’Etat les données statistiques concernant le trafic moyen journalier annuel et le pourcentage que les poids lourds représentent dans ce trafic. Ces données sont transmises par voie électronique sous la forme de fichiers informatiques.
« Le seuil de population à partir duquel l’obligation de communication des données statistiques mentionnées au troisième alinéa s’applique est fixé par décret en Conseil d’Etat.
« Un arrêté du ministre chargé des transports précise les modalités de calcul des données statistiques
mentionnées au troisième alinéa ainsi que les caractéristiques des fichiers informatiques mentionnés au même alinéa.
« L’Etat publie annuellement les données mentionnées au troisième alinéa ainsi que des statistiques issues de l’exploitation de ces données sous forme électronique dans un standard ouvert et aisément réutilisable. »

Concernant les comptages sur notre territoire voici ce que l’on peut trouver :

Après 2021, les comptages sur la N104 ne sont plus intégrés au tableau de bord.

On peut voir ci-dessous un diaporama des données accessibles au public de trafic moyen annuel pour 1993, 2007 et 2018, puis de trafic mensuel pour décembre 2023. On peut noter que sur notre secteur il n’y a pas de données depuis 2021. (cliquer sur les flèches pour faire défiler les cartes de comptage)

On ne peut que constater l’appauvrissement des données du réseau national accessibles au public sur notre territoire.

Les données départementales ne sont plus accessibles. Sur le site du Conseil départemental de l’Essonne on peut lire : 

Pour connaître le trafic routier sur son réseau, le Département procède à des comptages routiers sur plus de 400 points spécifiques auxquels s’ajoutent une trentaine de stations automatiques. Le réseau essonnien supporte des trafics variés. Très élevée sur certaines sections, notamment dans le Nord du Département (près de 60 000 véhicules/jour sur la RN 20 au Nord de la Francilienne par exemple), la circulation est en majorité modérée à faible surtout dans le Sud de l’Essonne (150 véhicules par jour à Mespuits sur la RD 12 par exemple).

Et le lien proposé sous le paragraphe : “• Consultez l’état du trafic en Ile-de-France”  renvoie à Sytadin qui ne délivre que des données en temps réel sur le réseau national !

Le Cerema met à disposition des données de trafic mais les données de notre secteur (qui concernent uniquement le réseau national non concédé) ne sont pas accessibles. (Avatar (cerema.fr))

Notons que la ville de Paris propose des données de trafic en Open data. (voir Comptage routier – Données trafic issues des capteurs permanents — Paris Data) , ce qui prouve que c’est possible.

Difficile en tout cas de savoir où en en est de l’application de l’ordonnance de Juillet 2016 relative aux  comptages de trafic routier sur notre territoire : les données ne sont plus accessibles.

Les conditions climatiques 

 Comme nous l’avons vu le mois dernier dans le dossier de SDRIF, notre commune cummule les expositions au retrait gonflement des argiles et aux inondations par ruissellement

ce qui fragilise les chaussées.

Les épisodes de sécheresse et de fortes pluies que nous avons connus ces derniers temps ont agravé la situation et contribué à l’apparition du grand nombre de nids de poule que nous observons en ce moment. Et il y a de fortes chances que ce type d’évènements météorologiques deviennent la norme.

Voir ci-dessous une image extraite du livre de Sylvestre HUET “LE GIEC urgence climat, le rapport incontestable expliqué à tous”.

Selon les indicateurs produits par le GIEC, au niveau mondial, nous avons déjà atteint les 1,5°C par rapport à la période pré-industrielle 1850-1900.

Et c’est plutôt plus dans l’hémisphère Nord si on regarde les anomalies de températures sur 2023 selon le lieu.

Alors que faire ?

L’urgence est bien sûr de combler les nids de poule qui sont dangereux.

Dans la Feuille du Bois, la municipalité nous rappelle que la voirie est de la compétence de la communauté Paris-Saclay et donne des indications de coûts :

  • budget d’investissement utilisable  pour une réfection complète de voirie 350 000 €/an
  • budget de fonctionnement environ 270 00 €/an hors rémunération des agents, dont 200 000 sont consacrés à l’entretien de l’espace public

sont indiqués les coûts des différentes opérations 

Nous comprenons bien qu’au stade de dégradation des chaussées,on ne peut pas réaliser les réparations en quelques jours.

Nous avons retrouvé dans nos archives un document du Conseil départemental de l’Essonne datant de mai 2015 intitulé “Schéma directeur de la voirie 2020”. Y figurent des indications de planning d’entretien des chaussées selon la catégorie de désserte.

Pour une désserte locale, ce qui devrait correspondre à l’usage de nos rues, un renouvellement tous les 20 ans pourrait être prévu. Etant donné qu’aucune de nos rue ne fait partie du réseau départemental, cela est bien sûr à la charge de la communauté Paris-Saclay.

Dans le guide d’entretien des chaussées du Cerema  nous apprenons :

En conclusion

Quelle que soit l’administraton territoriale en charge de la voirie; le service à l’usager doit être le même.

Existe-t-il une planification globale d’entretien des chaussées quelque part ?

Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, nous avons besoin d’une vision globale : cela ne sert à rien de réparer les chaussées si les problèmes de ruissellement – aussi dus à une bétonisation galopante – ne sont pas traités, et s’il n’existe aucun plan de régulation du trafic de véhicules.

Edito Septembre 2023: les zones commerciales

Un projet de transformation des zones commerciales

Le 11 septembre, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme ont lancé un programme de transformation des zones commerciales.

Depuis les années 60, le développement de la voiture individuelle a conduit au développement des zones commerciales à la périphérie des villes. Aujourd’hui en France, ce sont 1500 zones commerciales qui occupent 500 millions de m2, soit 5 fois la taille de Paris.

Mais ces lieux vont la plupart du temps à l’encontre des objectifs environnementaux actuels :

– construits rapidement, à faible coût, les bâtiments, souvent à grand volume sont des passoires thermiques

-les surfaces sont intégralement artificialisées, empêchant l’écoulement des eaux, compromettant la biodiversité, et créant des îlots de chaleur

– il est très compliqué d’y accéder autrement qu’en voiture

De plus, les usages des consommateurs ont changé, au profit du e-commerce, et de la réparation ou la seconde main. Ces zones sont donc souvent en surcapacité, avec des commerces vides.

Partant de ce constat, le ministère a lancé un appel à projets, visant à transformer les zones commerciales, de façon à ce que ces zones soient en partie « renaturées », et intégrées au tissu urbain en y intégrant des logements , ou des entreprises. L’idée étant de ne plus séparer les lieux de vie, de travail et de consommation, de façon aussi à limiter les déplacements.

Un budget de 24 M€ est alloué pour 2023-2024. 

Dans le dossier de presse diffusé par le ministère, des simulations de projets architecturaux sont données en exemple   

Sommes -nous concernés ?

Dans son dossier intitulé “Repenser les zones commerciales“, le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) publie les données de géolocalisation des 1500 zones commerciales prise en compte dans l’état des lieux du ministère de la Transition Ecologique et de la cohésion des territoires.

Voici ci-dessous les surfaces commerciales répertoriées sur notre commune et alentour.

Sur le site du Ministère de l’économie et des finances, une page est consacrée à ce programme de transformation des zones commerciales. On y trouve un cahier des charges incluant les critères d’éligibilité pour déposer un projet :

Les territoires pilotes sélectionnés devront être des zones générant des externalités négatives à l’échelle du territoire (par ex : éventuelle suroffre de la surface commerciale, artificialisation excessive des sols, faible accessibilité hors voiture individuelle, faible insertion paysagère ou urbanistique, émissions carbone, îlot de chaleur…) accueillant principalement des locaux destinés à une activité commerciale, situées hors des centres-villes, généralement en bordure de grands axes routiers.

Comme le montrent ces photos prises dernièrement au centre commercial Carrefour, beaucoup de surfaces sont fermées. Les critères d’artificialisation excessive, de difficulté d’accès hors voiture individuelle et de faible insertion paysagère sont aussi remplis.

Par contre connaît-on un porteur de projet pertinent sur notre territoire ? Selon le cahier des charges  il doit détenir les compétences suivantes :

Les porteurs de projet et les opérateurs spécialisés chargés de l’opération commerciale doivent être des acteurs disposant individuellement ou dans le cadre d’un groupement de la capacité à mener à bien leur projet :
– conduite des études préalables si elles n’ont pas encore été réalisées ;
– acquisition des fonciers (bâtis ou non) à restructurer ;
– conduite des études avant travaux ;
– aménagement, remembrement, travaux de transformation, de démolition et de construction ;
– conception architecturale et paysagère ;
– commercialisation à des tiers (activité de promotion), mise en exploitation, gestion ;
– cession finale des locaux restructurés, remis sur le marché de l’immobilier commercial.
Les porteurs de projet peuvent être des entités publiques, parapubliques ou privées. Les porteurs de projet privés devront obligatoirement justifier de l’accord de la collectivité territoriale (communes et EPCI) d’implantation de la zone visée par l’expérimentation. 
Lorsque le projet est porté directement par une collectivité territoriale, elle devra désigner un acteur ou un groupement d’acteurs spécialisé(s) pour la phase de mise en œuvre opérationnelle de l’opération commerciale et des autres composantes du programme postérieures à la phase d’études préalables.

En effet, un appel d’offre similaire a été lancé en 2017, 6 projets ont été sélectionnés et accompagnés, et selon le bilan publié par le CEREMA, en 2023, aucun n’est achevé.

Selon ce même bilan :

  • il est nécessaire de faire appel à un Etablissement Public Foncier pour permettre à la collectivité de ne pas s’endetter, 
  • il faut préciser le projet de mixité foncionnelle (commerce / habitat / différentes activités économiques) qui si elle est une solution peut être mise en oeuvre de différentes manières.
  • la gouvernance est primordiale, et doit être pensée sur un temps long , il faut “un portage politique fort”
  • les collectivités font souvent face à des difficultés financières
  • le dialogue avec les acteurs économiques du site est souvent difficile

Et nous n’avons pas trouvé d’exemple de réalisation finalisé.

En conclusion : Il ne fait aucun doute que les surfaces commerciales telles que nous les connaissons en entrée de ville ont été trop développées, et doivent être repensées, transformées, pour répondre aux besoins d’adaptation au dérèglement climatique. Malheureusement en terme de réalisation on semble être au même point que pour le réaménagement de la RN20 : beaucoup d’études et de projets qui n’aboutissent pas.

Pour aller plus loin :

Programme de transformation des zones commerciales | entreprises.gouv.fr

cdc-programme-de-transformation-des-zones-commerciales.pdf (entreprises.gouv.fr)

Plan de transformation des zones commerciales | Agence nationale de la cohésion des territoires (agence-cohesion-territoires.gouv.fr)

Repenser les périphéries commerciales : le dossier | Cerema

Bilan de l’appel à projets “Repenser les périphéries commerciales” – Cerema

Zones commerciales : le gouvernement lance un appel à projets de 24 millions d’euros pour en transformer une vingtaine (lemonde.fr)

Le gouvernement s’attaque à la transformation des zones commerciales, réservoir de foncier (lepoint.fr)


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Edito Juin-Juillet 2023 : urbanisation

Quel est le problème ?

Les experts en climatologie sont unanimes : l’été 2022 qui nous a paru exceptionnel en vagues de chaleurs , feux et innondations sera un été moyen dans un futur plus proche qu’on ne le pensait.

En effet, les derniers rapports du GIEC indiquent que le seuil de +1,5 °C à l’échelle de la planète sera atteint d’ici 2030. Au niveau mondial, sur la dernière décennie 2011-2020, le réchauffement climatique a atteint 1,1°C  par rapport à l’ère préindustrielle. En France métropolitaine, le réchauffement climatique a déjà atteint 1,7°C par rapport à l’ère préindustrielle sur la dernière décennie, dont 1,5°C depuis les années 1960, avec une hausse plus forte l’été.

Aujourd’hui, même le Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des territoires communique sur les phénomènes constatés à l’été 2022 : 

Parmi les problèmes auxquels nous serons confrontés figure le phénomène d’îlots de chaleur en ville : les zones complètement artificialisées, où il n’y aura que des bâtiments sans végétation seront invivables.

Récemment, des articles de presse sont parus sur le record de mortalité prévu à Paris en cas de canicule.
Cette vidéo diffusée par Courrier International résume la situation et évoque les difficultés à agir .

L’artificialisation des sols concerne toute la France, et est particulièrement importante dans les zones où la population a migré : sur les zones littorales, et en périphérie des centres urbains, en raison soit de l’attractivité des lieux, soit des prix trop élevés des logements ailleurs.

L’objectif est donc de limiter l’artificialisation des sols , voir des désartificialiser.

Selon la loi “Climat et résilience”  LOI n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets (1) – Légifrance (legifrance.gouv.fr) 

Afin d’atteindre l’objectif national d’absence de toute artificialisation nette des sols en 2050, le rythme de l’artificialisation des sols dans les dix années suivant la promulgation de la présente loi doit être tel que, sur cette période, la consommation totale d’espace observée à l’échelle nationale soit inférieure à la moitié de celle observée sur les dix années précédant cette date.
Ces objectifs sont appliqués de manière différenciée et territorialisée, dans les conditions fixées par la loi.

Cas particulier de l’Ile de France :

Article 194 Modifié par LOI n°2022-217 du 21 février 2022 – art. 114  IV.-Afin d’assurer l’intégration des objectifs de lutte contre l’artificialisation des sols et de réduction de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers :

4° Si le schéma directeur de la région d’Île-de-France en vigueur ne prévoit pas les objectifs mentionnés au dernier alinéa de l’article L. 123-1 du code de l’urbanisme, son évolution doit être engagée dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la présente loi. Cette évolution peut être réalisée selon la procédure de modification définie à l’article L. 123-14 du code de l’urbanisme. L’entrée en vigueur du schéma directeur de la région d’Île-de-France prévoyant ces objectifs doit intervenir dans un délai de trente mois à compter de la promulgation de la présente loi ;

Le Schéma directeur Ile-de-France a été adopté le 12 Juillet 2023, mais nous n’avons pour l’instant rien vu qui prenne en compte précisément cet objectif.

Il est intéressant de noter parmi les mesures phares du Plan régional d’adaptation au changement climatique :

Quand on sait que les vagues de chaleur seront accompagnées de sécheresse, et que les piscines de Longjumeau et Montlhéry – qui étaient les plus proches de La Ville-du-Bois – ont été fermées, cette disposition ne promet pas d’être très efficace !

Rappel : notre commune est en alerte sécheresse depuis mi-juin 2023 avec interdiction de laver les véhicules, d’arroser les jardins et potagers entre 8h et 20h , d’alimenter les fontaines d’ornement,etc .. (voir Sécheresse : état d’alerte et de vigilance en Essonne – Actualités – Les services de l’État dans l’Essonne

Et à La Ville-du-Bois ?

L’agence régionale de la biodiversité de l’Institut Paris Région diffuse des cartographies des zones exposées au risque d’ilot de chaleur, ainsi que d’exposition des populations à ce risque. 

Sans surprise, les immeubles en bordure de RN20 apparaissent comme des zones de risque d’exposition moyenne, et les zones urbanisées comme zones de vulnérabilité.

On peut aussi trouver la consommation annuelle d’espace pour la commune et l’objectif de consommation qui en découle pour 2021-2030 : 5,3 ha consommés sur la période 2011-2020, et un objectif de 0,2 à 0,3 ha/an d’ici à 2030 selon les objectifs qui seront effectivement fixés pour la région. (voir Rapport consommation (beta.gouv.fr) )

La Ville-du-Bois est plutôt mieux placée que les communes voisines. 

Cependant, si on regarde l’historique des vues satellites 2006-2010 versus aujourd’hui sur la commune, ainsi que l’historique des vues google view, on ne peut que constater la tendance à la destruction des arbres, et à une “minéralisation” à 100% à l’occasion des reventes des pavillons. 

En voici quelques illustrations (loin d’être exhaustives !)

Vues aériennes 2006-2010 et aujourd’hui vers le 137 rue des Joncs Marins

Vues diverses montrant la destruction d’espaces verts au fil du temps

La construction de nouvelles surfaces commerciales ne fait pas exception :

Cela fait beaucoup d’arbres abattus. 

Et c’est contraire aux recommandations actuelles pour lutter contre les îlots de chaleur urbaine.

Parmi les règles d’or du Cerama pour mieux végétaliser nos villes (Cf. Planter sans se planter : 7 règles d’or pour bien végétaliser nos villes et les garder au frais | Cerema ):

7. GARDONS NOS VIEUX ARBRES !

Il faut vingt, voire trente ans pour qu’un arbre soit au top de ses performances écosystémiques. Nos vieux arbres sont des trésors… Avant d’en planter de nouveaux, prenons déjà soin de notre patrimoine existant.

 

Voici pourtant ce qu’on peut lire dans le Plan Local d’Urbanisme de la commune  de Juillet 2019 

Les projets de construction devront être étudiés dans le sens d’une conservation maximale des arbres existants.

Afin de préserver la biodiversité et les écosystèmes locaux, la plantation d’essences végétales locales ou indigènes devra être privilégiée au détriment d’espèces exotiques potentiellement invasives .

Afin de ne pas accentuer l’imperméabilisation des sols, il convient de privilégier, pour les espaces libres de touts construction hors espaces de pleine terre (espaces de circulation, de stationnement), les espaces minéraux sablés, dallés ou pavés de préférence aux espaces bitumés ou enrobés (ces espaces, bien que perméables, ne sont pas inclus dans la superficie des espaces verts de pleine terre).

Il est de plus exigé qu’ “une part minimum de la superficie des espaces libres de toute construction doit être conservée en espace vert de pleine terre”.

Cette part est de 
20% en zone UCV (centre ville)
25% en zone UE (abords de la RN20)
45% en zone UR ( résidentielle pavillonaire)
20% en zone UAE (zone d’activité économique)

Ces exigences sont-elles respectées pour tous les permis de construire délivrés depuis 2019 ?

Bon à savoir 

Dès qu’un permis de construire est affiché, tout riverain “ayant un intérêt à agir”, c’est à dire en mesure de  prouver que la construction ou l’aménagement autorisé a des conséquences directes sur les conditions d’occupation, d’utilisation ou de jouissance du bien qu’il occupe ou qu’il détient, a 2 mois pour le contester. (voir Contestation d’une autorisation d’urbanisme | Service-public.fr )

 

Pour aller plus loin 

Un podcast en libre accès réalisé par le journal Le Monde Podcast. Climat : la France est-elle prête à faire face au réchauffement ? (lemonde.fr)

Portail de l’artificialisation des sols du Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des territoires Portail de l’artificialisation des sols | Portail de l’artificialisation (developpement-durable.gouv.fr)

Dossier ADEME Végétaliser : Agir pour le rafraîchissement urbain – La librairie ADEME

Ressources Météo France Comprendre le climat | Météo-France (meteofrance.com)