Edito Juin-Juillet 2023 : urbanisation

Quel est le problème ?

Les experts en climatologie sont unanimes : l’été 2022 qui nous a paru exceptionnel en vagues de chaleurs , feux et innondations sera un été moyen dans un futur plus proche qu’on ne le pensait.

En effet, les derniers rapports du GIEC indiquent que le seuil de +1,5 °C à l’échelle de la planète sera atteint d’ici 2030. Au niveau mondial, sur la dernière décennie 2011-2020, le réchauffement climatique a atteint 1,1°C  par rapport à l’ère préindustrielle. En France métropolitaine, le réchauffement climatique a déjà atteint 1,7°C par rapport à l’ère préindustrielle sur la dernière décennie, dont 1,5°C depuis les années 1960, avec une hausse plus forte l’été.

Aujourd’hui, même le Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des territoires communique sur les phénomènes constatés à l’été 2022 : 

Parmi les problèmes auxquels nous serons confrontés figure le phénomène d’îlots de chaleur en ville : les zones complètement artificialisées, où il n’y aura que des bâtiments sans végétation seront invivables.

Récemment, des articles de presse sont parus sur le record de mortalité prévu à Paris en cas de canicule.
Cette vidéo diffusée par Courrier International résume la situation et évoque les difficultés à agir .

L’artificialisation des sols concerne toute la France, et est particulièrement importante dans les zones où la population a migré : sur les zones littorales, et en périphérie des centres urbains, en raison soit de l’attractivité des lieux, soit des prix trop élevés des logements ailleurs.

L’objectif est donc de limiter l’artificialisation des sols , voir des désartificialiser.

Selon la loi “Climat et résilience”  LOI n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets (1) – Légifrance (legifrance.gouv.fr) 

Afin d’atteindre l’objectif national d’absence de toute artificialisation nette des sols en 2050, le rythme de l’artificialisation des sols dans les dix années suivant la promulgation de la présente loi doit être tel que, sur cette période, la consommation totale d’espace observée à l’échelle nationale soit inférieure à la moitié de celle observée sur les dix années précédant cette date.
Ces objectifs sont appliqués de manière différenciée et territorialisée, dans les conditions fixées par la loi.

Cas particulier de l’Ile de France :

Article 194 Modifié par LOI n°2022-217 du 21 février 2022 – art. 114  IV.-Afin d’assurer l’intégration des objectifs de lutte contre l’artificialisation des sols et de réduction de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers :

4° Si le schéma directeur de la région d’Île-de-France en vigueur ne prévoit pas les objectifs mentionnés au dernier alinéa de l’article L. 123-1 du code de l’urbanisme, son évolution doit être engagée dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la présente loi. Cette évolution peut être réalisée selon la procédure de modification définie à l’article L. 123-14 du code de l’urbanisme. L’entrée en vigueur du schéma directeur de la région d’Île-de-France prévoyant ces objectifs doit intervenir dans un délai de trente mois à compter de la promulgation de la présente loi ;

Le Schéma directeur Ile-de-France a été adopté le 12 Juillet 2023, mais nous n’avons pour l’instant rien vu qui prenne en compte précisément cet objectif.

Il est intéressant de noter parmi les mesures phares du Plan régional d’adaptation au changement climatique :

Quand on sait que les vagues de chaleur seront accompagnées de sécheresse, et que les piscines de Longjumeau et Montlhéry – qui étaient les plus proches de La Ville-du-Bois – ont été fermées, cette disposition ne promet pas d’être très efficace !

Rappel : notre commune est en alerte sécheresse depuis mi-juin 2023 avec interdiction de laver les véhicules, d’arroser les jardins et potagers entre 8h et 20h , d’alimenter les fontaines d’ornement,etc .. (voir Sécheresse : état d’alerte et de vigilance en Essonne – Actualités – Les services de l’État dans l’Essonne

Et à La Ville-du-Bois ?

L’agence régionale de la biodiversité de l’Institut Paris Région diffuse des cartographies des zones exposées au risque d’ilot de chaleur, ainsi que d’exposition des populations à ce risque. 

Sans surprise, les immeubles en bordure de RN20 apparaissent comme des zones de risque d’exposition moyenne, et les zones urbanisées comme zones de vulnérabilité.

On peut aussi trouver la consommation annuelle d’espace pour la commune et l’objectif de consommation qui en découle pour 2021-2030 : 5,3 ha consommés sur la période 2011-2020, et un objectif de 0,2 à 0,3 ha/an d’ici à 2030 selon les objectifs qui seront effectivement fixés pour la région. (voir Rapport consommation (beta.gouv.fr) )

La Ville-du-Bois est plutôt mieux placée que les communes voisines. 

Cependant, si on regarde l’historique des vues satellites 2006-2010 versus aujourd’hui sur la commune, ainsi que l’historique des vues google view, on ne peut que constater la tendance à la destruction des arbres, et à une “minéralisation” à 100% à l’occasion des reventes des pavillons. 

En voici quelques illustrations (loin d’être exhaustives !)

Vues aériennes 2006-2010 et aujourd’hui vers le 137 rue des Joncs Marins

Vues diverses montrant la destruction d’espaces verts au fil du temps

La construction de nouvelles surfaces commerciales ne fait pas exception :

Cela fait beaucoup d’arbres abattus. 

Et c’est contraire aux recommandations actuelles pour lutter contre les îlots de chaleur urbaine.

Parmi les règles d’or du Cerama pour mieux végétaliser nos villes (Cf. Planter sans se planter : 7 règles d’or pour bien végétaliser nos villes et les garder au frais | Cerema ):

7. GARDONS NOS VIEUX ARBRES !

Il faut vingt, voire trente ans pour qu’un arbre soit au top de ses performances écosystémiques. Nos vieux arbres sont des trésors… Avant d’en planter de nouveaux, prenons déjà soin de notre patrimoine existant.

 

Voici pourtant ce qu’on peut lire dans le Plan Local d’Urbanisme de la commune  de Juillet 2019 

Les projets de construction devront être étudiés dans le sens d’une conservation maximale des arbres existants.

Afin de préserver la biodiversité et les écosystèmes locaux, la plantation d’essences végétales locales ou indigènes devra être privilégiée au détriment d’espèces exotiques potentiellement invasives .

Afin de ne pas accentuer l’imperméabilisation des sols, il convient de privilégier, pour les espaces libres de touts construction hors espaces de pleine terre (espaces de circulation, de stationnement), les espaces minéraux sablés, dallés ou pavés de préférence aux espaces bitumés ou enrobés (ces espaces, bien que perméables, ne sont pas inclus dans la superficie des espaces verts de pleine terre).

Il est de plus exigé qu’ “une part minimum de la superficie des espaces libres de toute construction doit être conservée en espace vert de pleine terre”.

Cette part est de 
20% en zone UCV (centre ville)
25% en zone UE (abords de la RN20)
45% en zone UR ( résidentielle pavillonaire)
20% en zone UAE (zone d’activité économique)

Ces exigences sont-elles respectées pour tous les permis de construire délivrés depuis 2019 ?

Bon à savoir 

Dès qu’un permis de construire est affiché, tout riverain “ayant un intérêt à agir”, c’est à dire en mesure de  prouver que la construction ou l’aménagement autorisé a des conséquences directes sur les conditions d’occupation, d’utilisation ou de jouissance du bien qu’il occupe ou qu’il détient, a 2 mois pour le contester. (voir Contestation d’une autorisation d’urbanisme | Service-public.fr )

 

Pour aller plus loin 

Un podcast en libre accès réalisé par le journal Le Monde Podcast. Climat : la France est-elle prête à faire face au réchauffement ? (lemonde.fr)

Portail de l’artificialisation des sols du Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des territoires Portail de l’artificialisation des sols | Portail de l’artificialisation (developpement-durable.gouv.fr)

Dossier ADEME Végétaliser : Agir pour le rafraîchissement urbain – La librairie ADEME

Ressources Météo France Comprendre le climat | Météo-France (meteofrance.com)

 

 

 

Edito Juin 2022 : les inondations

Le mois de Juin a commencé avec une inondation dans la Grande Rue.

Si on regarde les épisodes de précipitations importantes depuis 1975 et les jours les plus chauds depuis 1950 des mois de juin sur la station météo d’Orly, il ne fait aucun doute que les effets du changement climatique se font déjà ressentir. Les épisodes exceptionnels, au-dessus du 3e quartile, sont de plus en plus fréquents depuis les années 2000. (la médiane est la valeur pour laquelle 50% des valeurs sont au-dessous et 50% au-dessus, le 3e quartile est la valeur pour laquelle 75% des valeurs sont au-dessous, 25% au-dessus)

Voir les courbes ci-dessous issues du site Infoclimat (source : Climatologie globale en juin à Orly – Athis-Mons – Infoclimat). (Glisser la souris sur les points pour voir les détails)

La donnée de hauteur de pluie maximale sur 24h de juin 2022, est celle du 4 juin, jour où la Grande Rue s’est tranformée en torrent.

Pour s’adapter à ces phénomènes de fortes pluies on sait aujourd’hui qu’il faut limiter l’artificialisation des sols, voire désartificialiser . (voir Portail de l’artificialisation des sols | Portail de l’artificialisation (developpement-durable.gouv.fr))

Pour limiter les ilôts de chaleur, on sait aussi qu’il faut végétaliser, et donc aussi limiter les grandes surfaces gourdonnées ou bétonnées.

Les données d’artificialisation des surfaces par commune de la banlieue parisienne entre 2009 et 2020, montre que les territoires périurbains ne sont pas allés dans le bon sens. (voir carte ci-dessous, les données proviennent de l’open data du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires).

 

Les collectivités locales sont invitées à privilégier la densification plutôt que l'extension au détriment des surfaces boisées ou agricoles, notamment par la récente loi "zéro artificialisation nette" (voir Objectif « zéro artificialisation nette » : quels leviers pour protéger les sols ? | France Stratégie (strategie.gouv.fr)). Malheureusement, à La ville-du-Bois, chaque fois qu'un lot est divisé pour construire une nouvelle maison, des arbres sont abattus, et des surfaces supplémentaires sont impermabilisées.

Certains nouveaux immeubles construits en bordure de RN20 l'ont été au détriment de jardins arborés. Si la loi SRU impose la construction de tels logements, nous espérons que les prochains lots seront mieux conçus et moins "minéraux".

Alors qu'une consultation a été ouverte en vue de la mise à jour du PLU de notre commune, nous ne pouvons que souhaiter que les recommandations de Mission régionale d'autorité environnmentale du 13 décembre 2018 soient prises en compte.

Extraits :

Il apparaît ainsi nécessaire d’approfondir les analyses portant sur :
• les niveaux de bruit et de pollution atmosphérique auxquels seront exposés les occupants des 700 futurs logements le long de la route RN20, afin de les caractériser précisément et d’en déduire les impacts sanitaires compte tenu des mesures d’accompagnement citées dans le rapport (abaissement de la vitesse, bande de recul, plantations, etc.) ;
• les déplacements en automobile actuels et ceux générés par l’accroissement prévu par le projet de PLU des activités commerciales, du nombre d’habitants et de l’offre d’équipement (notamment le stade) compte tenu de la localisation des sites de projet ;
• la valeur et la vulnérabilité d’un des secteurs pouvant accueillir les ateliers municipaux dont il est projeté le déplacement, ainsi qu’un nouveau stade.

 

Le PLU de La Ville-du-Bois doit, en application des articles L.131-4 à 7 du code de l’urbanisme,
être compatible avec :
• le schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF) approuvé le 27 décembre 2013 ;
• le plan de déplacements urbains d’Île-de-France (PDUIF) approuvé le 19 juin 2014 ;
• le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) du bassin Seine-Normandie approuvé le 1er décembre 2015
• le schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) Orge-Yvette approuvé le 2 juillet 2014 ;
le plan de gestion des risques d’inondation (PGRI) du bassin Seine-Normandie 2016-2021 approuvé par arrêté ministériel du 7 décembre 2015.
Il doit également prendre en compte le schéma régional de cohérence écologique (SRCE) d’Île-de-France approuvé le 21 octobre 2013.

 

La MRAe recommande de prendre en compte les emplacements réservés dans le décompte des espaces actuellement non artificialisés dont il est prévu l’ouverture à l’urbanisation dans le projet de PLU.

 

La MRAe recommande d’évaluer l’incidence sur la préservation des zones humides des aménagements projetés, y compris ceux du centre-ville.

 

La MRAe recommande d’approfondir l’évaluation environnementale sur la prise en compte du risque d’inondations par remontée de nappes susceptibles d’affecter les aménagements liés au projet de renouvellement urbain de la RN20 et ceux prévus dans l’emplacement réservé n°11. (ancien parking de carrefour près des tennis où il est prévu d'installer des services techniques) 

Par ailleurs, dans ses cahiers "Résilences des territoires", l'organisation The shift project évoque les Schéma de cohérence territoriale comme outil de prise en compte des actions à mener dans l'aménagement du territoire pour s'adapter au changement climatique.

Selon la carte de réalisation des SCOT de 2022, notre territoire semble plutôt en retard par rapport au reste de la France. Sur la carte de France ci-dessous, sur laquelle on peut zoomer, notre territoire entre Versailles et Evry apparaît en blanc.

Mise à jour le 10 Juillet 2022 :

Il semble que le site de ressources de la Fédération des Scot ne soit plus accessible , voici la même information issue du site Cartographie - Géoportail de l'Urbanisme (geoportail-urbanisme.gouv.fr)

Et en zoomant sur notre territoire :

 

Il y a pourtant urgence à mettre en oeuvre une cohérence territoriale pour nous adapter au changement climatique. 

Sur la toile Mai 2022

Voici les articles que nous avons fait suivre sur les réseaux sociaux au cours du mois de mai :

Ce qui change au 1er mai Hausse du smic, RSA, rémunération des stages, prix du tabac… Ce qui change au 1er mai (francetvinfo.fr)

Fibre optique :nous ne sommes pas les seuls à vivre le fiasco de sa mise en œuvre : Comment l’arrivée de la fibre optique vire au cauchemar dans de nombreuses communes de France (lemonde.fr)

 

Environnement / réchauffement climatique

« Jour du dépassement » : le 5 mai, la France a déjà épuisé son « budget nature » (lemonde.fr)

Vidéo explicative sur le réchauffement climatique Qu’est-ce que le réchauffement climatique ? (reporterre.net)

Sécheresse en France : Quatre cartes pour comprendre l’état de la sécheresse en France et la menace pour cet été (franceinter.fr)

Aménagement du territoire / réchauffement : Faites fondre les îlots de chaleur (lagazettedescommunes.com)

Réchauffement climatique : L’Île-de-France doit accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre (actu-environnement.com) news-39681-notre-institu-paris-region-GES.pdf (actu-environnement.com)

Publication du Think tank the shift projet , cahier de la résilience de mai 2022 à l’attention des élus locaux : « climat, crises : comment transformer nos territoires » Cahiers « Résilience » – Note de cadrage (theshiftproject.org)

« Notre mission : la prévention des déchets abandonnés » (lagazettedescommunes.com)

L’environnement en Île-de-France (institutparisregion.fr)

L’Espagne limite l’usage de la climatisation dans les bâtiments publics et encourage le télétravail des fonctionnaires (francetvinfo.fr)

 

Démocratie :

Un modèle de démocratie participative Kingersheim, co-construction citoyenne à haut potentiel d’essaimage (demainlaville.com)

Démarches administratives trop compliquées : Un tiers des adultes ont renoncé à effectuer une démarche administrative en ligne en 2021 – Insee Focus – 267

 

Déserts médicaux

 Le courrier des maires : Ces élus locaux qui ambitionnent de démocratiser le système de santé (courrierdesmaires.fr)

Hôpital : l’ARS Ile-de-France se prépare à un été “tendu” (francetvinfo.fr)

 

Transports

L’autosolisme ou le mal de la mobilité moderne ? (sensemaking.fr) 

Avion : calculer en 3 clics votre empreinte carbone (bonpote.com)

Routes, autoroutes : un gâchis à 18 milliards d’euros (reporterre.net)